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En collaboration avec Alliancy
Interview Frédéric Girardeau—Groupe Henner
« Nous nous sommes formés à de nouvelles méthodes, à des façons de faire autrement nos métiers et à une philosophie complètement différente »
Frédéric Girardeau a rejoint le Groupe Henner, société de gestion et de courtage d’assurances de personnes, en mars 2018 avec pour mission de porter l’urbanisation du système d’information. L’entreprise française, en forte croissance et avec des ambitions importantes dont à l’international a initié un cycle majeur d’investissement dans son système d’information afin d’en faire une plateforme digitale et ouverte à même de fluidifier les échanges avec tous les acteurs de son écosystème.
Olivier Daniel, DGD en charge des SI du Groupe Henner, qui a rejoint le COMEX mi 2017, estime que les missions stratégiques de la DSI sont les suivantes : digitaliser, dématérialiser et urbaniser. Pourquoi cette dernière partie est-elle aussi importante aujourd’hui pour votre groupe ?
Le système d’information du groupe est structuré autour d’un progiciel de gestion développé en interne, auquel tous nos services sont rattachés. Sa conception et son renforcement progressif ont permis au Groupe de se développer en collant parfaitement aux aspects les plus spécifiques des besoins de nos métiers. Cela s’est poursuivi avec le développement de tous nos sites web, qui se sont appuyés dessus. Mais aujourd’hui, le caractère monolithique de ce système qui a et continue à faire la force du Groupe pourrait devenir un désavantage alors que l’entreprise se digitalise. Quand Olivier Daniel a pris ses fonctions, il a impulsé la transformation pour aller au contraire vers de la modularité, des traitement génériques, des usines de développement informatique duplicables à volonté. Et cela induit une opportunité de porter une refonte technologique globale et de repenser l’urbanisation du système d’information. Celui-ci doit en effet absolument répondre aux nouveaux enjeux de nos activités.
Quels sont-ils ?
Le groupe doit continuer sa croissance et son internationalisation sur des secteurs disputés. Il doit aussi être innovant dans son offre de service, améliorer son offre digitale tant vis-à-vis de l’interne que de l’externe et accompagner ses clients vers l’utilisation du self-care et ceci en mode multicanal. Cela veut dire que d’un point de vue informatique, nos solutions doivent être beaucoup plus « user centric » et que nous devons être capable de mieux exploiter nos données et partager l’information. Nous devons proposer des sites ou des apps performants, intuitifs, capables par exemple de faire de la simulation de tarifs extrêmement fluide.
Ce qui a poussé la modernisation, c’est donc à la fois cette vision « business driven » mais aussi dans une certaine mesure des préoccupations financières. Cette transformation doit aussi nous permettre de délivrer plus vite nos projets / évolutions (time-to-market) tout en, et c’est un vrai challenge, associant cette transformation numérique avec une baisse / maîtrise du coût du run. Ou, quand on reste sur des technologies vieillissantes, les coûts – de licence, de maintenance – ne cessent d’augmenter avec les années…
Votre roadmap de transformation passe d’abord par la refonte de vos sites web et apps. Pourquoi ?
Pour plusieurs raisons. Transformer les sites web permettaient de montrer un changement rapide à nos clients et partenaires en apportant immédiatement des services à forte valeur ajoutée. Ensuite, changer un SI, quel qu’il soit, demande du temps et une expertise affutée. La refonte des portails web est ainsi l’occasion de procéder par étape, en leur transférant certaines des fonctionnalités auparavant assurées par notre outil de Gestion. Cet effort d’investissement permet également de commencer à penser dorénavant le SI à partir de composants génériques (habilitations, microservices…) qui nous font énormément gagner en adaptabilité, et donc économiser pour la suite. Ceci explique également notre intérêt pour l’APIsation du système.
C’est ce qui a permis de convaincre la direction générale sur ce cap de transformation ?
La présence de notre DSI au Comité exécutif du Groupe a été un fort accélérateur dans la prise de conscience et l’onboarding du COMEX sur ces enjeux. Ainsi, l’ensemble de notre direction adhère complètement et est moteur sur l’ensemble de ces projets. Tout le monde se sent concerné : cela donne des ailes pour agir.
Les impacts /demandes business se voient de toute façon au quotidien. Pour illustrer cela, nous constatons une tendance de fond auprès de nos clients/partenaires les plus importants : certains se sont eux aussi engagés dans la digitalisation, se sont dotés Eux aussi D’une plateforme APIsée et recherchent donc un partenaire, yc sur le domaine de couverture santé, qui comme Henner, est à même de leur proposer des services en mode « pick and choose » et de plus facilement interopérables avec leur écosystème. Il nous faut donc absolument nous adapter pour nous interconnecter beaucoup plus facilement avec ces partenaires et ne pas être un facteur bloquant pour leurs propres transformations. Pour eux, les API changent vraiment la donne. Et pour nous, cela reflète bien notre engagement : proposer des services de qualité, modulables et adaptés à nos clients.
Les équipes au sein de la DSI étaient-elles prêtes pour ces changements de pratique ?
Nous nous sommes formés à de nouvelles méthodes, à des façons de faire autrement nos métiers et à une philosophie complètement différente, notamment autour des microservices et des API. C’est un très fort changement, mais nous l’amenons en douceur. Nous avons d’abord sollicité nos internes les plus experts, qui connaissent bien les spécificités de notre SI afin qu’ils puissent eux-mêmes exprimer les contraintes auxquels nous sommes confrontés face aux nouveaux besoins. Le plan de réurbanisation sur 3 ans valorise les compétences et le savoir de ces équipes. Nous avons recruté des architectes pour créer une toute nouvelle cellule architecture au sein de la DSI, et son travail se base principalement sur la modélisation faite par nos experts. De manière générale, la nouvelle dynamique au sein de la DSI, nous a permis d’aborder de très nombreux nouveaux sujets : cloud, DevOps, usine de développement… Tout est lié. En 18 mois, nous avons véritablement découvert un nouveau monde d’industrialisation qui s’appuie sur l’APIsation. Nous avons été accompagnés par nos différents prestataires, mais nous avons conscience d’être encore trop dans l’entre-soi. Nous devons continuer à nous ouvrir. Notre marché voit beaucoup de transformations, avec des exemples médiatiques comme La Parisienne Assurance sur le mode Open API. Nous voulons donc maintenant confronter notre vécu à celui d’autres entreprises, partager nos défis et également les façons dont nous les avons relevés. Les témoignages sur la technologie sont intéressants, mais ce qui nous intéresse le plus aujourd’hui, c’est bien de confronter des visions globales d’activité.
« Il nous faut absolument nous adapter pour nous interconnecter beaucoup plus facilement avec nos partenaires et ne pas être un facteur bloquant pour leurs propres transformations. Pour eux, les API changent vraiment la donne. »
Groupe Henner
Création : 1947
Chiffre d’affaires 2018 : 190 M€
Effectifs : 1500
Encadré : Une roadmap sur 3 ans
Ainsi, si nous regardons uniquement les portails web, le premier site web « nouvelle génération », entré en production en septembre 2019, est dédié aux partenaires de santé (hôpitaux, réseaux de soin…). En 2020, ce sera le tour du portail consacré à notre activité de Courtier Grossiste, qui accueillera les simulations de tarifications, puis du site dédié aux RH des clients du groupe. Enfin, début 2021, le site Affiliés achèvera la métamorphose.
En parallèle, « le système de Gestion sera lui aussi ré-urbanisé afin de reprendre certaines « dérives » et de le recentrer sur le cœur métier : contrats, gestion des prestations, et des cotisations… » détaille Frédéric Girardeau, responsable de domaine IT Middle-Office pour le groupe. Et de la même manière, la montée en compétences sur l’APIsation du système se fait progressivement. Les API sont devenus les points d’entrée de la couche d’abstraction « middle-office » qui relie le système de Gestion et les nouveaux sites web. « Nous ne nous sommes pas directement lancés sur du cloud pour notre API manager, mais nos API, elles, sont bien hébergées dans le cloud, et nous sommes donc en train d’éprouver ce fonctionnement, vis-à-vis de la réurbanisation globale. C’est un apprentissage permanent » complète-t-il.
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