Les stratégies d’ouverture d’entreprise décryptées lors d’un dîner-débat
par Dorian Marcellin – Alliancy – le 15 novembre 2019
Le 6 novembre 2019 s’est tenu à l’hôtel Shangri-La à Paris, le grand-dîner débat « Ces entreprises qui se transforment en écosystèmes grâce aux API » organisé par Axway, en partenariat avec Alliancy.
Objectif : échanger sur l’APIsation en cours des systèmes d’information sous un angle résolument stratégique et métier.
Dans la salle : DSI, chief data officer, spécialistes des architectures du système d’information, mais également DRH ou encore huissier de justice… Ce sont une soixantaine d’invités aux profils variés qui ont participé au dîner-débat organisé par Axway sur le thème de la dimension stratégique de l’ouverture du système d’information et autour d’une question centrale : « A quel point l’ouverture des entreprises sur leurs écosystèmes est-elle une obligation aujourd’hui et quels en sont les défis ? ».
Plusieurs grands témoins de sociétés telles que ENGIE, The Adecco Group, Acoss et l’AIFE sont venus partager leurs expériences et leur avis. Si tous étaient d’accord sur le mouvement de fond qui se profile ces dernières années dans leurs organisations, les différences en termes de profils et d’activités ont également permis de montrer que la question initiale en ouvrait de nombreuses autres. Il a alors été question autant des cultures d’entreprise, des choix organisationnels que des partis-pris technologiques.
Devenir une « data driven company »
Ainsi, Gérard Guinamand, chief data officer d’ENGIE a souligné que l’orientation claire donnée par la directrice générale du groupe, Isabelle Kocher, avait été un mandat extrêmement puissant.
« Notre démarche API est l’un des principaux leviers de notre vision de « Data Driven Company ». Cette vision est celle d’une importante transformation business, basée sur le zéro-carbone et le « as a service ». Et tous les aspects de cette transformation impliquent de mieux partager la donnée, qui doit devenir un « bien commun » au sein du groupe. » a-t-il expliqué.
Vincent Castella, délégué à la directrice de l’Agence pour l’informatique financière de l’État (Aife) n’a certes pas les mêmes enjeux de transformation qu’un groupe de 160 000 personnes comme ENGIE, mais il n’en reste pas moins que son agence œuvre résolument à l’ouverture grandissante des systèmes des autorités. L’Aife a notamment mis en place en 2019 la plateforme PISTE (Plateforme d’intermédiation des Services pour la Transformation de l’État), un service de mutualisation des services exposés de l’État vers ses écosystèmes.
A table, Vincent Castella note que le principal enjeu n’est pas technique, mais bien stratégique et donc aussi culturel : « Avec du recul, on se rend compte que le combat du quotidien est plutôt celui du changement de
Une transformation enthousiasmante
Un sentiment partagé par Laurent Rousset, le directeur des systèmes d’information pour la France de The Adecco Group. L’entreprise perçue historiquement comme un spécialiste de l’intérim, se transforme aujourd’hui pour élargir grandement ses offres de services « RH ».
« Nos clients se digitalisent et nous demandent d’interagir avec eux sur un modèle digital. Dans le secteur des RH, c’est extrêmement nouveau. Nous devons mieux échanger l’information et la donnée pour imaginer les services de demain » souligne-t-il.
Ce travail, qui s’appuie sur une APIsation résolue est aussi pour lui un moyen clair de mieux lier le digital et l’humain, car ce parti-pris remet le « candidat » au cœur de l’équation pour Adecco. Les services sont centrés sur lui et l’entreprise doit parvenir à modéliser des caractéristiques uniques, par exemple basées sur les soft-skills, qui sortent des référentiels métiers historiques.
Jean-Baptiste Courouble, DSI de l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss), mène également une transformation de fond pour que son organisation dépasse un statut de simple collecteur et de « trésorier », afin d’activer des services variés à destination du public. Cela passe notamment par une collaboration étroite avec des start-up et des entreprises innovantes spécialisées dans le « jobbing » afin de répondre aux problématiques de l’emploi.
« Cette dynamique a été très bien perçue dans l’organisation. Tout le monde est vite tombé d’accord sur la nécessité de s’ouvrir, ne serait-ce que pour changer l’image de l’institution, pour démontrer que nous sommes capables d’évoluer dans les écosystèmes modernes. La courbe d’enthousiasme des équipes est montée en flèche avec les premières réalisations ! » se souvient-il.
Le point clé de la relation IT-Métier
De son côté, Axway a également joué le jeu des débats et de l’écoute, fidèle au parti-pris de la soirée consacrée aux enjeux business plutôt qu’aux pures réalisations technologiques. Emmanuel Méthivier, French Catalyst Innovation and Digital Transformation d’Axway a ainsi témoigné également de sa longue expérience au sein du Crédit Agricole. Il a notamment rappelé que l’Open Banking avait pu être appréhendé sous un angle très tactique par les organisations, plutôt que sous la houlette d’une vision stratégique globale. Un « rendez-vous manqué » qui se retrouve en partie dans le sens donnée à la législation, comme la DSP2. Passé de table en table au cours de la soirée, comme tous les grands témoins, pour répondre à un maximum de questions de la part des invités, Emmanuel Méthivier a ensuite conclu les échanges en identifiant les principaux points de convergence dans les débats. « Parmi les sujets récurrents que nous avons pu aborder ce soir et qui sont de nature à faire le lien entre le sujet de l’APIsation et celui de la transformation stratégique globale d’une entreprise, j’ai pu noter qu’un focus particulier a été fait sur la bonne tenue des relations entre les équipes métiers et les équipes IT. De même, la gouvernance à mettre en place, afin de conserver la clarté de l’intention stratégique alors que les organisations et leurs systèmes s’ouvrent, est un sujet de préoccupation majeur » a-t-il synthétisé.
Nul doute que ces deux heures et demi de débat n’auront pas été suffisantes pour couvrir tous les aspects d’un sujet aussi complexe. Mais les invités ont pu repartir satisfaits d’avoir échangé en toute franchise et transparence dans un cadre privilégié et une ambiance conviviale et bienveillante. La promesse est d’ailleurs bien de permettre aux organisations de profiter à l’avenir plus régulièrement de ces occasions de partage d’expériences, comme l’a rappelé Lionel Linossier, Vice President Sales & Operations France d’Axway : « Nous allons prolonger cette première rencontre autour du thème écosystème et API dès le début de l’année 2020. Nous serons heureux de vous recevoir pour aller encore plus loin ensemble autour de ce thème ». Entretemps, de nouvelles organisations seront en mesure de témoigner de leur propre chemin d’ouverture, car malgré des niveaux de maturité très différents, toutes avaient en commun le sentiment d’une vive accélération pour les prochains mois.